L’expérience employé évoque le plus souvent le bien-être, la QVT, l’engagement, parfois (mais pas assez souvent) la performance alors que l’impact environnemental fait penser à la sobriété, l’empreinte carbone, la responsabilité. Deux sujets généralement traités en silo, comme si l’un relevait de sujets externes et l’autre du travail alors qu’ils sont bien plus interconnectées qu’il n’y paraît.
L’expérience employé peut passer aussi par une démarche environnementale bien pensée et les politiques écologiques d’une entreprise peuvent être des leviers pour améliorer le quotidien des collaborateurs.
Les salariés veulent rester chez eux et c’est tant mieux
Le télétravail est devenu un vrai sujet de débat. D’un côté, des entreprises qui poussent au retour sur site sous prétexte de collaboration et de productivité, souvent sans données tangibles à l’appui (Productivité en télétravail : mythe ou réalité ? Ce que les entreprises refusent d’admettre). De l’autre, des salariés qui voient le bureau comme une contrainte imposée plutôt qu’un choix délibéré .
Ce débat fait l’impasse sur un point essentiel : les déplacements domicile-travail et professionnels ont un coût écologique majeur, mais aussi un impact direct sur la qualité de vie des employés. Réduire les trajets inutiles, c’est réduire le stress, la fatigue, les risques d’accidents, tout en diminuant l’empreinte carbone de l’entreprise. C’est un double bénéfice évident, mais encore largement sous-exploité. Pire il n’est souvent même pas envisagé : alors que d’un coté on force au retour au bureau de l’autre on met en avant sa vertu écologique. Pour une fois qu’on aurait une mesure qui est écologiquement positive et qui ne serait pas vue comme punitive on aurait tord de s’en passer.
Certaines entreprises, mais trop peu, commencent toutefois à le comprendre et à intégrer des critères environnementaux dans leurs politiques de mobilité. Encourager le télétravail quand il est pertinent (Pourquoi un salarié veut-il ou doit-il télétravailler ?), inciter à d’autres formes de mobilité ne sont pas que des choix écologiques, au contraire ils participent aussi d’une meilleure expérience employé en réduisant les irritants du quotidien.
La sobriété numérique : le levier caché de l’expérience employé
Parlons aussi de l’éléphant dans la pièce : la pollution numérique. Alors que cela fait 20 ans qu’on digitalise tout ce qui peut l’être, ça n’est que depuis peu que les entreprises s’interrogent sur l’impact des outils et matériels qu’elles utilisent (Numérique et environnement : des usages immatériels pour un impact réel). Or on sait bien que multiplier les plateformes, les notifications, les visioconférences et les emails a à la fois un cout environnemental ( Numérique responsable : et si on arrêtait l’hypocrisie ?) mais aussi cognitif et organisationnel (Hyperconnexion en entreprise : le numérique devient un fardeau).
Les collaborateurs sont submergés d’information, de notifications et sollicitations qui les empêchent de se concentrer sur leur travail et être efficaces. Si on rationalisait les outils, incitait à une gestion adéquate de l’information et si on faisait la chasse aux outils et usages inutiles on ferait d’une pierre deux coups : réduction de l’empreinte carbone et diminution de la charge mentale des équipes (L’interview fictive d’Eliyahu Goldratt sur l’infobésité et les goulots d’étranglement dans le travail du savoir).
Une approche systémique est nécessaire
L’écologie est perçue en général comme une contrainte supplémentaire, un effort à fournir en plus des impératifs du travail et d’ailleurs ça n’est pas qu’une perception. Mais c’est la manière dont les choses sont pensées. C’est une erreur stratégique. Une approche intelligente de l’impact environnemental peut être un bon levier pour améliorer l’expérience employé.
Il ne s’agit pas de faire du greenwashing, mais bel et bien d’intégrer ces enjeux au dans les décisions opérationnelles. Moins de déplacements contraints, une meilleure gestion de l’écosystème numériques, des bureaux plus sobres et adaptés aux besoins réels (ainsi qu’au nombre de personnes qui s’y rendent…)… Ces choix influencent directement l’attractivité, la productivité et la fidélisation des talents.
Conclusion
Trop souvent la préoccupation environnementale des entreprises est vue comme allant à l’encontre des impératifs de performance et comme une contrainte pour les collaborateurs.
Il y a toutefois des domaines où ces sujets peuvent aller de pair et où la politique environnementale peut être facteur de satisfaction et de performance et il serait dommage de fermer les yeux sur ces leviers pas si compliqués à activer.
Mais bizarrement les entreprises ne font pas grand chose sur l’impact environnemental du numérique et rétropédalent sur le télétravail…pas très productif tout cela.
Image : environnement et expérience employé de chayanuphol via Shutterstock.