OpenAi rachète iO pour 6,5 millards : pivot stratégique ou fuite en avant ?

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Le 21 mai dernier, OpenAI a annoncé l’acquisition d’iO, la startup de hardware IA fondée par Jony Ive, pour 6,5 milliards de dollars. Cette opération entièrement financée en actions, donc sans sortie de cash pou OpenAI qui en détenait déjà 23% du capital, marque un tournant pour l’entreprise d’intelligence artificielle, qui s’aventure pour la première fois sur le marché du hardware grand public. L’opération vise à rassembler l’expertise logicielle d’OpenAI avec le savoir-faire design de l’ancien directeur du design d’Apple pour créer une alliance qui pourrait redéfinir l’interaction homme-machine dans l’ère de l’IA générative.

Mais une annonce qui a suscité un grand nombre de réactions qui vont de saluer un coup de génie stratégique à l’inquiétude vis à vis de ce qui ressemble à un « panic buy ».

Qu’en est il exactement ?

En bref :

  • L’acquisition d’iO marque l’entrée d’OpenAI dans le hardware grand public, en associant ses compétences logicielles à l’expertise design de Jony Ive, pour repenser les interfaces homme-machine à l’ère de l’IA générative.
  • Cette opération stratégique, entièrement en actions, reflète une volonté de diversification face à une concurrence accrue et pourrait permettre à OpenAI de mieux contrôler l’expérience utilisateur via une intégration hardware-software poussée.
  • L’initiative comporte des risques importants liés à la valorisation élevée d’iO, à l’absence de produit existant, aux défis techniques et UX des dispositifs IA, ainsi qu’à la nécessité de rentabiliser rapidement l’investissement.
  • Le projet semble aussi traduire un repositionnement narratif d’OpenAI, qui met en avant l’usage et le design plutôt que la poursuite directe de l’AGI, tout en capitalisant sur cette promesse comme levier de mobilisation interne et externe.
  • Il est encore trop tôt pour juger si cette acquisition est un mouvement tactique sous contrainte ou un pivot stratégique maîtrisé, mais elle illustre clairement les tensions entre ambition technologique, logique de marché et impératifs de croissance.

Les contours de l’opération

L’acquisition d’iO par OpenAI représente la plus importante acquisition jamais réalisée par l’entreprise de Sam Altman. Fondée il y a seulement un an par Jony Ive aux côtés d’anciens cadres d’Apple, iO n’a pourtant encore commercialisé aucun produit. Cette startup hardware spécialisée dans les dispositifs IA avait déjà bénéficié d’un investissement initial d’OpenAI, qui détenait déjà 23% des parts.

D’un point de vue purement « industriel » cette opération traduit une évolution majeure de la stratégie d’OpenAI, qui passe d’un modèle purement logiciel à une approche intégrée hardware-software. L’entreprise cherche à créer des interfaces optimisées pour l’IA générative, reconnaissant que les concepts d’interaction actuels (clavier, écran tactile) ne sont peut-être pas idéaux pour exploiter pleinement le potentiel de l’IA (Are OpenAI and Jony Ive headed for an iPhone moment?).

La transaction fait d’OpenAI l’acquéreur d’une équipe de design exceptionnelle : Jony Ive, reconnu pour avoir conçu l’iPhone, l’iPad et l’Apple Watch, épaulé par Tang Tan (responsable du design iPhone jusqu’en 2024), Scott Cannon (équipes Mac et iPad) et Evans Hankey (successeuse d’Ive chez Apple jusqu’en 2023). Une concentration de talents issus d’Apple qui constitue un transfert de compétences sans précédent vers le secteur de l’IA.

Les ambitions affichées d’OpenAI

OpenAI affiche son intention de créer « une nouvelle famille d’appareils » (Sam & Jony introduce io) qui permettront aux utilisateurs d’interagir avec l’IA de manière inédite. Sam Altman évoque la nécessité d’un « nouveau form factor » pour maximiser le potentiel de l’IA, considérant que cette technologie représente « un tel bond en avant » qu’elle nécessite une approche hardware entièrement repensée.

Si on a un regard purement tech sur l’opération, les déclarations publiques suggèrent une volonté de créer des dispositifs complémentaires aux smartphones existants plutôt que des remplaçants directs (OpenAI is now planning a new screenless AI companion device) . Selon les informations disponibles, le premier produit ne sera ni un téléphone ni des lunettes, mais un appareil capable de « reposer dans une poche ou sur un bureau » et de compléter iPhone et MacBook Pro sans les supplanter (Sorry, Google and OpenAI: The future of AI hardware remains murky).

L’ambition d’Altman de vendre 100 millions d’unités plus rapidement que tout produit précédent est particulièrement ambitieuse. À titre de comparaison, Apple prévoyait 10 millions d’iPhones vendus lors de la première année complète en 2007, un objectif alors considéré comme audacieux.

Jony Ive, de son côté, parle d’appareils qui « inspirent, autonomisent et facilitent », évoquant le « délice, l’émerveillement et l’esprit créatif » qu’il avait ressenti en utilisant un ordinateur Apple il y a 30 ans. Un discours qui suggère une approche centrée sur l’expérience utilisateur et l’émotion, caractéristique de la philosophie design d’Apple.

Les ambitions cachées d’OpenAI

Derrière les discours officiels il y a toujours des agendas cachés et on peut essayer de découvrir ce que qu’OpenAI ne nous dit pas.

Plusieurs motivations stratégiques non explicitement formulées peuvent en effet expliquer cette acquisition. D’abord, OpenAI cherche probablement à sécuriser sa position concurrentielle face aux géants technologiques comme Google, Apple et Meta qui développent leurs propres solutions IA intégrées. En se lançant dans le hardware OpenAi essaierait de se repositionner vis à vis de concurrents qui contrôlent les points d’accès à l’IA, domaine dans lequel elle est totalement absente ce qui l’oblige à créer des nouveaux usages là où les autres apportent ces usages dans des produits utilisés au quotidien(OpenAI veut-elle, doit-elle et peut-elle devenir le nouveau Google ?).

L’acquisition pourrait également viser à créer un écosystème fermé autour des modèles d’OpenAI, à l’image de l’écosystème Apple. En contrôlant à la fois le hardware et le software, OpenAI pourrait optimiser les performances, collecter plus de données utilisateurs et créer des barrières à l’entrée pour les concurrents.

En contrôlant à la fois les modèles d’IA et les interfaces matérielles, OpenAI cherche en effet à optimiser les performances via une intégration hardware-software poussée, créer des barrières à l’entrée rendant ses futurs modèles voire son AGI (si elle arrive un jour) incompatibles avec les plateformes concurrentes et déplacer les débats éthiques vers des enjeux d’expérience utilisateur plutôt que de risques existentiels.

Une approche qui s’éloigne de la vision originelle d’OpenAI comme « bien public numérique » pour épouser les logiques capitalistiques traditionnelles .

D’un point de vue business, on peut penser à une stratégie de diversification des revenus. Alors qu’OpenAI dépend actuellement des abonnements ChatGPT et des licences API, le hardware ouvre la voie à de nouveaux modèles : vente d’appareils, services associés, et potentiellement un modèle d’abonnement hybride combinant hardware et services IA. Une bouffée d’air dans un secteur dont beaucoup disent qu’il est structurellement non rentable (IA générative : une bulle, un krach ou un virage ?).

L’acquisition d’iO peut enfin s’interpréter comme une défense préventive contre Apple. La collaboration passée entre OpenAI et Apple sur « Apple Intelligence » s’est transformée en relation potentiellement concurrentielle. En s’associant avec d’anciens cadres Apple, OpenAI signale sa capacité à attirer les meilleurs talents et à défier Apple sur son propre terrain du design industriel.

Pourquoi cela peut marcher

Plusieurs facteurs plaident pour le succès de cette initiative. L’expertise design exceptionnelle de l’équipe constitue l’atout principal : Jony Ive et son équipe ont prouvé leur capacité à créer des produits révolutionnaires qui redéfinissent des catégories entières. Leur track record avec l’iPhone, l’iPad et l’Apple Watch démontre une maîtrise unique de l’interaction hardware-software.

De son côté OpenAI dispose des modèles IA les plus populaires au monde, avec plus de 400 millions d’utilisateurs hebdomadaires de ChatGPT. Cette base utilisateur massive offre un marché potentiel prêt à adopter de nouveaux dispositifs, particulièrement si ceux-ci améliorent significativement l’expérience IA.

La collaboration entre Ive et Altman a débuté il y a deux ans, ce qui laisse penser à une réflexion mûrie et une vision partagée plutôt qu’une décision impulsive. Cette durée de gestation pourrait avoir permis d’identifier les véritables besoins utilisateurs et de concevoir des solutions appropriées.

L’échec relatif des précédents dispositifs IA comme l’Humane AI Pin créé également un contexte favorable même s’il pose par ailleurs des questions : les consommateurs attendent toujours le « bon » produit IA, et l’équipe d’iO pourrait être celle capable de le livrer.

Pourquoi cela pourrait être un échec

Néanmoins plusieurs éléments amènent à questionner la viabilité du projet. Le prix astronomique de 6,5 milliards de dollars pour une startup qui n’a pas sorti le moindre produit soulève logiquement des interrogations. Cette valorisation suggère des attentes de performance exceptionnellement élevées qui pourraient s’avérer irréalistes, ce qui est finalement le problème général de l’industrie de l’IA générative.

Les échecs récents du secteur pèsent lourd dans les craintes. L’Humane AI Pin, vendu comme révolutionnaire, s’est soldé par un échec commercial retentissant (Humane : vie et mort de la startup qui a voulu concurrencer le smartphone avec son AI Pin), une expérience qui démontre que l’excellence technologique ne garantit pas l’adoption grand public, surtout pour des appareils coûteux aux cas d’usage peu évidents.

Il faut donc espérer qu’OpenAI aura appris de cet échec et saura trouver les réponses. En effet pour l’instant les wearables IA butent sur des problèmes d’UX majeurs (latence, erreurs de transcription), le modèle économique hybride (hardware + abonnement) peine à convaincre ($024/mois pour Humane + un device à $699) et l’absence d’écosystème applicatif condamne les dispositifs autonomes.

L’histoire récente de Jony Ive depuis qu’il a quitté Apple n’est pas soulever ses propres doutes non plus. Ses projets via LoveFrom, bien que prestigieux (Ferrari, Airbnb, Christie’s), restent des collaborations de design plutôt que des créations de produits révolutionnaire. L’Apple Watch édition or à 10 000 dollars qui a été pointée comme un échec montre aussi qu’il est capable de créer des produits déconnectés du marché.

D’un point de vue financier enfin, OpenAI fait face à des défis financiers considérables avec des coûts d’infrastructure gigantesques. Cette acquisition, même payée en action, va engendrer des coûts opérationnels et des investissements qui risquent de disperser les ressources et les énergies au moment où l’entreprise doit consolider sa position sur son cœur de métier face à une concurrence intense de Google, Anthropic et autres acteurs.

Mais les 6,5 milliards investis créent une pression immédiate de ROI incompatible avec les horizons longs de l’AGI (pour peu qu’elle soit encore d’actualité). On peut craindre que les roadmaps soient désormais dictées par les cycles produits plutôt que par les avancées algorithmiques » .

En plus, en s’engageant dans le hardware, OpenAI entre sur le terrain de jeu d’Apple et Google, champions de l’amélioration incrémentale mais cela présente le risque d’étouffer sa capacité à produire des sauts technologiques disruptifs .

Au final les experts ne sont pas tous unanimes sur le succès potentiel de l’initiative. Cette acquisition a en effet surpris certains employés et experts de l’IA, qui restent sceptiques quant à la capacité d’OpenAI à réussir dans un domaine aussi différent que le hardware, malgré la présence de Jony Ive et son équipe (AI Experts React To Merger Of OpenAI And Jony Ive To Create AI Devices). Même en interne certains salariés, informés que le nouveau produit serait un « troisième appareil » entre l’iPhone et le MacBook, s’interrogent sur la pertinence d’un tel positionnement et sur la faisabilité technique et commerciale (Color Me Skeptical Over The Altman × Ive Merger).

On craint donc que cette opération soit davantage un pari risqué dicté par la pression concurrentielle et financière qu’une décision mûrement réfléchie, ce qui alimente un climat d’incertitude au sein des équipes et n’est donc pas une bonne nouvelle.

Et l’AGI dans tout cela ?

Depuis ses débuts, OpenAI s’est construite sur une promesse : celle de créer une intelligence artificielle générale (AGI). C’est cette ambition qui justifiait l’hypercroissance et les levées de fonds colossales.

Mais dans cette opération, l’AGI est à peine évoquée. Le discours se recentre sur l’utilité quotidienne, la convivialité, le design, l’interface. On parle de compagnons, d’usage fluide, d’expérience. Un changement de focale peut être interprété de deux manières.

Soit OpenAI juge que l’AGI n’est plus le bon récit pour embarquer le grand public, trop abstrait, trop anxiogène, trop spéculatif, soit l’entreprise redéfinit ses priorités stratégiques : plutôt que de courir vers une promesse lointaine, elle cherche à générer de la valeur concrète dans le présent.

C’est peut-être le vrai tournant que signe cette acquisition : une entreprise née pour construire l’AGI commence à s’ancrer dans le « présent palpable » de la tech grand public.

Il semble donc que le pivot hardware révèle une instrumentalisation de l’AGI non plus comme un vrai objectif technologique mais comme un narratif mobilisateur.

Il y avait déjà eu des signes annonciateurs comme la dissolution en octobre 2024 de l’équipe « AGI Readiness » chargée de la sécurité des modèles, l’allocution d’Altman au MIT soulignant que « l’AGI émergera des usages, pas des laboratoires » et le partenariat avec Qualcomm pour des puces optimisées pour ChatGPT, au détriment de la recherche fondamentale.

En tout cas ce changement de discours permet à OpenAI de maintenir son leadership moral dans un marché de l’IA de plus en plus concurrentiel, d’attirer les talents via un grand récit mobilisateur (45% des nouvelles embauches en 2025 citent l’AGI comme motivation principale ) et, qui sait, négocier avec les régulateurs en présentant le hardware comme solution aux risques de l’IA purement logicielle, le tout en faisant passer la question de la faisabilité de l’AGI à court terme au second plan.

La peur du « Panic Buy »

Dans ce contexte on peut se demander si on a pas affaire à un « Panic Buy », à savoir un achat d’impulsion pour essayer de se raccrocher à la première branche venue. La version business du « FOMO » (fear of missing out) : personne ne veut rater l’opportunité qui fera la différence.

L’opération a été menée rapidement, avec peu de communication sur l’intégration prévue ou les synergies attendues. A première vue, tous les ingrédients d’un « panic buy » semblent réunis : concurrence accrue de Google et Meta sur les agents IA, critiques croissantes sur le manque de diversification d’OpenAI hors ChatGPT, et nécessité de rassurer un marché toujours attentif à la trajectoire de croissance.

iO est une jeune pousse orientée vers le développement de matériel intégrant nativement l’intelligence artificielle. Son positionnement, encore en grande partie confidentiel, semble cohérent avec l’ambition d’OpenAI de dépasser le cadre logiciel pour explorer de nouveaux formats d’interface et d’usage. Mais l’absence de détails concrets sur la feuille de route laisse la porte ouverte aux spéculations. Ce rachat marque-t-il une véritable inflexion stratégique ou simplement une façon de maintenir l’élan narratif d’OpenAI face à une concurrence de plus en plus pressante ?

À l’inverse, on peut y voir un mouvement opportuniste, mais inscrit dans une logique stratégique plus large. Avec iO, OpenAI pourrait amorcer un virage vers l’intégration de l’IA dans des dispositifs physiques, en cohérence avec l’ambition d’ancrer ses technologies dans des usages plus quotidiens, au-delà du seul chatbot. L’opération prolongerait ainsi une série d’acquisitions ciblées visant à internaliser des compétences clés et à élargir le spectre des interfaces matérielles comme logicielles pour mieux contrôler l’expérience utilisateur.

Dans ce contexte, il reste difficile de trancher entre décision précipitée et pari réfléchi. Tout dépendra de la suite : la clarté sur l’intégration d’iO, la nature concrète des projets annoncés, et la capacité d’OpenAI à démontrer un alignement entre ambitions technologiques, usages et viabilité économique. À ce stade, il s’agit sans doute moins d’un geste paniqué que d’un positionnement tactique sous forte contrainte, révélateur d’un moment de tension où promesse, pression concurrentielle et limites structurelles se percutent.

Coup de génie, pivot stratégique ou fuite en avant ?

Cette acquisition ressemble plus à un pivot stratégique calculé qu’à un coup de génie ou une fuite en avant. OpenAI anticipe probablement une commoditisation progressive des modèles IA et cherche à créer une différenciation durable via l’expérience utilisateur intégrée.

Le timing compte beaucoup : OpenAI agit au moment où les interfaces IA actuelles montrent leurs limites et où les utilisateurs commencent à percevoir les contraintes des « paradigmes » existants. L’entreprise tente de définir les standards de la prochaine génération d’interfaces homme-machine avant que ses concurrents ne s’imposent sur ce terrain.

Cette opération révèle une maturité dans la stratégie d’OpenAI qui comprend que la valeur future résidera moins dans les modèles IA eux-mêmes que dans leur intégration et leur accessibilité. En s’inspirant du modèle Apple avec un contrôle vertical de l’expérience, OpenAI cherche à créer un écosystème défendable et profitable.

Cependant cela n’est pas sans risque.

Tout d’abord le timing peut s’avérer prématuré si les consommateurs ne sont pas prêts à adopter de nouveaux paradigmes d’interaction, ou si les contraintes technologiques (autonomie, puissance de calcul, connectivité) limitent l’expérience utilisateur. Le succès dépendra de la capacité d’iO à identifier et résoudre de véritables problèmes utilisateurs plutôt que de créer des gadgets technologiques séduisants mais inutiles.

Conclusion

L’acquisition d’iO par OpenAI constitue un pari stratégique majeur qui pourrait redéfinir l’industrie de l’IA ou s’avérer un investissement coûteux par rapport à la maturité du marché. La réunion d’OpenAI et de l’équipe de Jony Ive crée indéniablement l’une des collaborations les plus prometteuses de l’industrie tech contemporaine, combinant l’IA la plus avancée avec l’expertise design la plus reconnue. Néanmoins, le succès dépendra de leur capacité à transcender l’héritage des paradigmes mobiles bien ancrés dans les usages pour créer de véritables innovations centrées sur les besoins utilisateurs, dans un contexte où les consommateurs demeurent sceptiques face aux dispositifs IA autonomes et où la concurrence s’intensifie sur tous les fronts de l’IA.

Crédit visuel : Image générée par intelligence artificielle via ChatGPT (OpenAI)

Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Directeur People & Operations / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
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